Notre contre lettre ouverte au gouvernement

Jean-Michel Aulas défend les intérêts de son club, l’olympique lyonnais, sans se soucier de ceux des autres et de l’intérêt général. Il est capable de toutes les manipulations pour parvenir à ses fins, que ce soit dans le déroulement du football (au cour des matchs ou dans les coulisses des instances), ou dans ses actions médiatiques. Il travestit la vérité tel que ça l’arrange, en occultant les éléments importants qui n’iraient pas dans son sens, comme par exemple le fait que la LNR (rugby), la LNH (handball), la LNV (volley) et al LNC (cyclisme) ont rappelé dans un communiqué signé avec la LFP (football) qu’elles avaient toutes décidé d’arrêter les compétitions « en responsabilité, consécutivement aux décisions de l’Etat et dans une logique de préservation des intérêts collectifs en jeu ».

Selon Jean-Michel Aulas, l’arrêt de la L1 favoriserait certains dirigeants du football français. Il dénonce « un complot pour faire la part belle à leurs intérêts particuliers ». Mais il faut bien souligner que son combat semble n’avoir d’autre finalité que de servir les siens. La participation de l’olympique lyonnais à une compétition européenne, qui plus est à la très lucrative ligue des champions, permet à la holding olgroup de remplir ses caisses et à Jean-Michel Aulas de voir croître sa fortune personnelle (+425 M€ entre 2017 et 2018). A l’inverse, une non qualification aurait des conséquences importantes sur les finances de l’ol, et obligerait Jean-Michel Aulas à rendre des comptes aux actionnaires, notamment les investisseurs chinois qui ont injecté 100 millions d’euros en 2016 pour restructurer la dette du groupe.

La LFP et l’ASSE ont démenti que la situation financière des clubs français était « terrible», comme Jean-Michel Aulas le prétend. Un arrêt définitif de la saison pourrait n’entraîner que son club vers une « crise économique et sociale sans précédent», les autres ayant choisi un modèle économique basé sur des dépenses un peu moins extravagantes et moins dépendant des subventions en tous genres.

La France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Ecosse le Luxembourg et Chypre ont décidé d’arrêter les matchs. A ce jour, seule la Bundesliga a effectivement repris. L’Espagne et le Portugal envisagent de reprendre début juin, mais de nombreux joueurs ont fait part de leurs craintes, en raison des cas de covid-19 toujours présents au sein des clubs. L’Italie a reporté la reprise des entraînements collectifs à une date encore inconnue. L’Angleterre travaille sur une reprise après le 19 juin, provoquant l’inquiétude des acteurs du football anglais.

C’est sur la base de données parcellaires que Jean-Michel Aulas a mobilisé des sénateurs, assumant être supporters de l’ol, afin qu’ils récupérèrent politiquement cette situation. Pourrions-nous imaginer que le 2 juin soit une opportunité formidable de faire revenir Jean-Michel Aulas à la raison afin que le football français puisse se projeter sereinement sur la saison prochaine ?

En réponse à sa lettre ouverte, qu’il vous a adresseé le lundi 25 mai, nous envoyons notre contre-courrier, pour corriger les informations incomplètes qu’il a bien voulu vous transmettre. Que s’est-il passé entre le 13 mars et le 30 avril concernant l’arrêt du championnat de France de L1 et la méthode de classement choisie ?

13 mars : le conseil d’administration téléphonique exceptionnel de la Ligue de football suspend les championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Jean-Michel Aulas réagit immédiatement, et n’évoque comme seule hypothèse que « l’impossibilité de terminer le championnat de France en temps et en heure ». Il réclame l’annulation pure et simple des 28 journées disputées, pour reprendre le classement de la saison dernière.

Cette décision favorisait alors son club.

16 mars : face à l’indignation du monde du football, Jean-Michel Aulas propose un classement « historique » prenant en compte les résultats des 3 ou 5 dernières années, arbitrairement.

Cette décision favorisait alors son club.

19 mars : les instances du football français mettent tout en œuvre pour que la saison se termine, d’ici au 30 juin comme l’UEFA l’espère, ou plus tard (Noël Le Graët évoque mi-juillet). Jean-Michel Aulas, lui, fait la liste sur Twitter de tout ce qui empêcherait de jouer à ces dates (contrats des joueurs, stades occupés, congés payés, matchs de l’UEFA, JO, etc.).

25 mars : on apprend que Jean-Michel Aulas a participé à un comité de pilotage « parallèle » pour trouver des réponses aux problématiques liées à la suspension des championnats professionnels (La Montagne). La motivation principale de ces réunions restreint étant de sauvegarder les recettes, principalement des droits TV.

1er avril : Jean-Michel Aulas surenchérit sur les éléments qui ne permettraient pas de reprendre les compétitions et affirme que « cela n’aurait aucun sens sans les supporters ». Il refuse donc de jouer à huis-clos, ce qui aurait des conséquences fâcheuses pour les finances de son entreprise de spectacle.

8 avril : l’arrêt définitif des compétitions est désormais sérieusement envisagé, et une des hypothèses à l’étude serait d’attribuer une place européenne aux finalistes des coupes nationales, dont l’ol. Jean-Michel Aulas ne réclamait à ce moment aucunement la reprise du championnat.

Cette décision favorisait alors son club.

10 avril : lors d’une réunion du bureau de la Ligne nationale professionnelle, alors que certains présidents de clubs, comme Nasser Al-Khelaifi du PSG, militent pour une reprise « coûte que coûte », Jean-Michel Aulas se rapproche des « petits clubs » et s’oppose farouchement à cette idée.

20 avril : Jean-Michel Aulas soutient désormais l’idée de Jean-Pierre Rivère de décaler le calendrier sur l’année civile, afin de terminer l’exercice 2019-2020 de septembre à décembre. Le président de l’OGC Nice s’amuse de ce revirement de situation, son homologue lyonnais ayant critiqué ce projet 48 heures auparavant.

22 avril : l’UEFA exclut les hypothèses de saison blanche ou l’attribution de ticket européen à des finalistes de coupe, ceci afin de privilégier le « mérite sportif ».

Cette décision ne favorisait alors plus son club.

23 avril : selon un document de l’UEFA consulté par l’Agence France-Presse, un scénario prévoit de terminer les compétitions nationales début août et d’achever tout au long du mois d’août les coupes européennes. (Edit : le 5 juin, le patron de l’UEFA a confirmé que la date du 3 août ne pouvait pas être repoussée, dans un courriel adressé à l’olympique lyonnais).

28 avril : Edouard Philippe annonce que « la saison 2019-2020 de football, ne pourra pas reprendre ».

29 avril : Jean-Michel Aulas propose désormais l’organisation de playoffs pour terminer la saison, ce qui permettrait au 7ème du classement de lutter pour les places européennes et même pour le titre. Ce scénario exigerait de trouver 7 dates dans le calendrier, contre 10 pour finir le championnat normalement.

Cette décision favorisait alors à nouveau son club.

30 avril : le conseil d’administration de la Ligue nationale de football décide légitimement et démocratiquement de l’arrêt des championnats. Le classement de Ligue 1 est entériné sur le principe du nombre de points pris par match joué, et prend donc en compte toutes les rencontres disputées.

Cette décision ne favorisant alors plus du tout son club, c’est uniquement à partir de ce moment-là que Jean-Michel Aulas commence son lobbying pour la reprise des compétitions.

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1 réponse

  1. Alex dit :

    Excellent travail !

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