Si vous avez manqué les premiers épisodes…

Nul doute que les déclarations et les actions de Jean-Michel Aulas ne font que commencer, tant il met du cœur dans son combat pour que tout lui soit favorable, comme d’habitude… Pourtant, depuis l’annonce de la suspension du championnat le 13 mars dernier, il a eu le temps de balancer un sacré paquet de propos contradictoires. On essaie de vous aider à y voir clair avec un récap.

Tout a donc commencé ce 13 mars, quand la France commençait à compter ses morts. Jean-Michel Aulas, lui, estimait les pertes dues à une non qualification en coupe d’Europe. Et, sur les corps encore chauds des victimes du coronavirus, il signait une tribune dans le Monde dans laquelle il réclamait une saison blanche. C’est à dire l’arrêt du championnat, mais avec la prise en compte du classement de l’année précédente (l’ol était 3ème) pour attribuer les tickets européens. Autrement dit : on met à la poubelle les 28 journées disputées… (voir les réactions du monde du foot, dans notre article à ce sujet)

Le 16 mars, devant le tollé provoqué par cette idée farfelue, Jean-Michel Aulas dégaine un autre calcul qui lui permettrait de piquer la place en Ligue des Champions que l’OM était en passe de gagner sur le terrain : un classement lissé sur les 3 ou 5 dernières saisons, lui permettant de s’octroyer sans honte la deuxième place. Il imagine donc toujours, à ce moment-là, ne pas reprendre un championnat que son équipe a complètement loupé. Ce virus est une belle aubaine…

Sa deuxième idée extravagante n’ayant pas eu plus de succès que la première, Jean-Michel Aulas emploie désormais son énergie à empêcher la reprise du championnat, que tous les autres acteurs du foot français espèrent. Première escarmouche, sur Twitter le 19 mars, lorsque la Ligue envisage de jouer en juillet, il pointe du doigt tous les problèmes que cela poserait (stades occupés, contrats des joueurs, mais aussi les congés payés des salariés des clubs ^^). Comme on dit : « qui veut faire quelque chose cherche un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse ».

Le 1er avril, Jean-Michel Aulas fixe ensuite des conditions intenables pour que le championnat reprenne : il exige que la Ligue 1 passe avant toutes les autres compétitions, mais surtout que les stades soient pleins. Etant données les contraintes sanitaires, cette dernière demande semble totalement incompatible avec un redémarrage de la compétition. On comprend donc que la volonté du président de l’ol n’est pas de refouler les pelouses.

Dans le même temps, on apprend le 25 mars que Jean-Michel Aulas participe à un comité de pilotage « parallèle » à celui mis en place de manière officielle par la Ligue. Avec d’autres présidents de « grands » clubs, il tente de commettre un putsch pour tirer un maximum de profits de la situation dramatique que la France traverse…

Le 8 avril, la Ligue planche sur plusieurs scénarios pour la fin de saison, et l’arrêt définitif des compétitions est désormais sérieusement envisagé. Ce qui derait ravir Jean-Michel Aulas, d’autant plus qu’une des hypothèses étudiées consisterait à attribuer des places en Ligue Europa aux finalistes des coupes nationales, dont l’ol, si les matchs contre le PSG ne pouvait pas avoir lieu.

Problème : les présidents des « grands » clubs de Ligue 1, qui perdraient gros en termes de droits TV si la saison n’allait pas à leur terme, militent pour une reprise « coûte que coûte ». Notamment Nasser Al-Khelaifi, président du PSG, avec qui Jean-Michel Aulas va au clash au cours d’une réunion le 10 avril. Le président lyonnais tente de séduire les « petits » clubs, qui ont tout à gagner à un démarrage de la saison prochaine à la date prévue, en raison de l’arrivée du nouveau diffuseur à un milliard d’euros.

Retournement de situation le 20 avril, lorsque Jean-Michel Aulas se range derrière le président de l’OGC Nice qui défend un projet de décalage du calendrier, permettant de terminer la saison 2019-2020 de septembre à décembre, pour reprendre la saison suivante sur l’année civile 2021. 48 heures avant, Aulas expliquait à Jean-Pierre Rivère que son idée n’était pas cohérente… Le président lyonnais défend donc à présent le principe de finir la saison, qui plus est en ayant récupéré ses joueurs stars blessés de longue date.

On peut comprendre ce virage à 180° de Jean-Michel Aulas quand on apprend que l’UEFA exclut l’hypothèse de la saison blanche en cas d’arrêt des compétitions et refuse que les places en Ligue Europa soient attribuées à des finalistes de coupe. Ces consignes de l’institution européenne n’arrangent pas du tout le président lyonnais, au contraire de l’une idée, évoquée la veille mais non retenue, d’établir les qualifiés européens sur la base de l’indice UEFA (l’ol se serait retrouvée 2ème en France). Il faut donc à tout prix reprendre le jeu ! Par contre, jouer en septembre semble inenvisageable, l’UEFA réclamant que les championnats nationaux soient terminés au 3 août pour enchaîner avec les coupes d’Europe…

Jean-Michel Aulas a bon espoir de gagner cette précieuse place en coupe d’Europe, soit en remontant les 10 points qui le séparent du podium en 10 matchs restant, soit en gagnant la coupe de la Ligue contre un PSG qu’ils n’ont pas battu en 3 confrontations cette saison (dont un cuisant 1-5 lors de la dernière rencontre), soit en remportant la Ligue des Champions. La première hypothèse étant la plus crédible, étant donné les coups de pouces arbitraux que l’ol est habituée à recevoir, particulièrement lors des sprints finaux. Mais c’est surtout sur les menaces de procès qu’il compte pour obtenir ce qu’il désire.

A la veille de la décisions de la Ligue concernant la fin de saison, Jean-Michel Aulas fait preuve d’une étonnante ingéniosité, et propose la mise en place de playoffs en trois phases, d’août à mi-septembre. Soit un total de 25 matchs sur 9 journées, contre 10 journées de Ligue restant à jouer. Ainsi, le 10ème pourrait être relégué, et le 15ème (ou l’ol) pourrait devenir champion. Malin ? ou juste absurde ?

Finalement, le conseil d’administration de la Ligue vote à l’unanimité l’arrêt des championnats, se conformant ainsi aux directives gouvernementales. Le classement final est défini selon les règles déjà appliquées par la FFF pour l’ensemble des championnats, c’est-à-dire établi par un indice de performance prenant en compte le nombre de points marqués sur tous les matchs joués. L’ol est 7ème, et non qualifiée pour une coupe d’Europe.

Furieux, Jean-Michel Aulas s’en prend vertement au président de l’Olympique de Marseille, au cours de la réunion du conseil d’administration de la Ligue à laquelle il était simple invité, car il n’en est pas membre. Il se défendra par la suite d’avoir proféré des insultes, mais les nombreux témoins présents ce jour ont été choqués par son attitude et les propos tenus. Noël Le Graet appelle Aulas à « devenir sage ». Laurent Nicollin demande « un peu de décence et de dignité » parce qu’il y a « un virus qui tue des gens ».

Jean-Michel Aulas ne décolère pas et saisit toutes les occasions de déverser sa rage. Sur Twitter, par exemple, il s’étonne que les courses de chevaux puissent reprendre avant le foot, ce qui lui vaudra de nombreuses moqueries des internautes et une réponse pleine d’humour des acteurs de la filière équine.

Jean-Michel Aulas assure que son combat est « pour la justice », « pour l’équité », et qu’il aurait agit de la même manière s’il avait été deuxième. Enfin, il précise bien qu’il aurait tenté de se servir de la crise sanitaire pour récupérer un titre qu’il ne mérite pas… Il ajoute qu’il n’est pas question de millions, mais il menace de traîner la Ligue en justice pour obtenir plusieurs dizaines de millions d’euros de dommages et intérêts

C’est parti ! Jean-Michel Aulas dégaine l’arsenal juridique et intente deux procès à la Ligue et à l’Etat pour avoir arrêté le championnat et avoir « privé l’ol de coupe d’Europe ». Il assure une nouvelle fois que ce n’est pas une question d’argent, mais insiste sur le manque à gagner pour son club. N’y a-t-il que devant les tribunaux que le club lyonnais est en mesure de se qualifier pour une compétition européenne ?

Jean-Michel Aulas fait feu de tout bois, et signe la pétition de l’Amiens SC réclamant une Ligue 1 élargie à 22 clubs. Pour lui qui défend une élite à 18 équipes, c’est de plus en plus fort ! Il reviendra très vite sur ses propos, en expliquant qu’il soutenait cette démarche « pour la justice », tout en étant défavorable à la demande qu’il a appuyée…

Jean-Michel Aulas, maître dans l’art du lobbying et de l’intimidation, est toujours vent debout contre la décision d’arrêter la Ligue 1. Il explique que ce choix a été fait par ceux que ça arrange. Evidemment, un vote unanime n’a aucune valeur à ses yeux s’il ne va pas dans le sens de ses intérêts personnels… Il crie donc au complot. Bernard Caiazzo, président de l’ASSE, le renvoie dans ses cordes, rappelant que « la messe est dite », et Nicolas Holveck, le nouveau président de Rennes, lui explique les fondamentaux.

Exaspérés par l’attitude de l’omniprésident Aulas, les dirigeants du football français envisagent sérieusement de le mettre sur la touche. Son exclusion du collège de Ligue 1 est évoquée, et certains médias pensent savoir que la décision d’arrêter le championnat était une « petite vengeance » contre celui qui a toujours servi ses intérêts au détriment des autres… L’entraîneur de Strasbourg et le président de Reims l’appellent à la décence.

Jean-Michel Aulas ne lâche rien et s’en prend à la terre entière. Il adresse un très long courrier aux députés pour attaquer la décision du gouvernement, et particulièrement le discours de la ministre des sports. Pour quelqu’un qui semble scandalisé que des présidents de club ait téléphoné au ministère, ça pourrait être surprenant, si ces méthodes n’étaient pas les siennes depuis plus de 25 ans…

Tel un parrain de la Mafia, Jean-Michel Aulas demande désormais les noms des dirigeants qui auraient sollicité l’arrêt des compétitions auprès du gouvernement. Il parle « d’affaire d’Etat », rien que ça… Il s’offusque que les présidents de club se soient mis d’accord entre eux sur la décision à prendre. Faut-il lui rappeler qu’il y a eu un vote, à une large majorité, et que cette manière de faire s’appelle la démocratie ? Pour lui, les règles ne sont-elles acceptables que quand elles contribuent à ses profits ?

Après une tribune de son ami Gérard Houllier qui déploie la théorie du complot contre l’ol, et suite à la proposition de loi du gouvernement visant à prendre des mesures d’urgence pour le monde du sport, Jean-Michel Aulas ne s’arrête pas et adresse un nouveau courrier aux parlementaires. Une débauche d’énergie remarquable, mais qui contribue surtout à l’isoler encore plus

La suite au prochain numéro…

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